Deux randonneurs au village...

Publié le par Michel Aêt

L'un marchait, mercredi 2 août, sur le chemin caillouteux qui longe le Grand rû, de la route de la cressonnière jusqu'aux vignes : vrai Talweg...

À mi-chemin, une frêle passerelle enjambe le rû pour permettre l'accès à l'une des plus vieilles maisons de VSD, construite sur la rive de ce petit cours d'eau.

Il est 16H00, un ciel d'Ile-de-france, mêlant harmonieusement les gris souris et les gris anthracite des nuages au bleu de l'infini donne aux collines des éclairages superbes et contrastés : ombres et lumières sur la Brie...

Un randonneur, jumelles autour du cou en guise de signature involontaire et naïve de son immiction dans notre communauté villageoise, croise un vieil homme courbé par les ans, dans son bleu de travail d'une impeccable propreté; il avance sans hâte, voûté, presque las, sur le chemin.

Bribe de conversation surprise au hasard du chemin :

    - Bonjour monsieur !
    - Bonjour !
    - Vous êtes l'occupant de cette belle maisdon ?
    - Oui.
    - Elle a au moins 200 ans, non ?
    - Au moins, plutôt 300 ...
    - Vous y êtes né ?
    - J'y suis né !
    - Bonne journée !
    - merci, vous aussi !

Autour de 1706 ...la bâtisse était donc là, en cette fin du règne de Louis XIV, douloureuse pour les paysans français, tandis que la guerre d'Espagne nous épuisait et que sévissaient de terribles famines.

À Villiers, qui de dénommait alors Villiers-sur-Marne, des fermes flambant neuve s'y construisaient néanmoins, attestant que la Brie champenoise, déjà, savait tirer son épingle du jeu...

La belle briarde a fière allure encore, quelques 300 ans plus tard, sans avoir pourtant été rénovée, comme tant d'autres, dans la région

                                                ***

L'  autre randonneur, une randonneuse en l'occurence, d'évidence épuisée, de la boue jusqu'au genou, sortant des vignes, hèle la voiture qui monte vers Crouttes, du milieu de la route où elle se trouve, bras levés, ce jeudi vers 11H30.

Elle monte à bord, raconte sa marche avec une vingtaine de randonneurs venus de Paris, depuis 7H00 ce matin, à travers vignes et bois : 8 kms depuis Nanteuil ; vingt kilomètres restant à parcourir au moment où elle décroche, vers 10H00 du matin, physiquement incapable de poursuivre l'effort en cette journée pluvieuse, fraîche, maussade.

Sa silhouette au ciré jaune s'aperçoit toujours, s'éloignant le long de la voie, à la gare de Nanteuil-Saâcy, petit canari trottinant sur le quai, dans l'attente du train de 11H49 ; promesse de retour au nid de ce moineau fragile, dont le petit coeur affolé palpitait encore, sur la D 842, il y a quelques minutes.

C'était à VSD, en ces jours d'été où les grappes de randonneurs sont nombreuses, éléments d'un paysage en constant mouvement, qu'elles ponctuent de la lente mais régulière évolution de leurs colonnes ascendantes, sur le sein lourd des côteaux..

Publié dans Carnets du quotidien

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