Il y a 90 ans aujourd'hui, on mourait si près d'ici...

Publié le par Michel AÊT

18 juin : date capitale, celle du célèbre appel du Général de Gaulle aux français.

Mais 18 juin, date capitale pour l'Aisne, capitale aussi pour la France, bien avant le 18 juin 1940, et incarnant la même et farouche volonté de rendre à la france sa liberté et son indépendance.

Cette date, c'est celle du 18 juin 1918, à quelques encâblures de Villiers-Saint-Denis, à Belleau, dans le bois de Belleau très exactement.

Souvenons-nous : il y a quatre-vingt dix ans aujourd'hui,  de jeunes américains courageux ont attaqué les positions allemandes à Belleau, signant bien souvent de leur propre sang, sur le sol axonais, le début de la contre-offensive alliée face à la percée allemande qui l'avait précédée, et avait une nouvelle fois menacé Paris.

Le canon a tonné ce jour-là inlassablement; on devait l'entendre à Villiers ce canon-là, sous le feu duquel ils se sont sacrifiés, les héros américains.

Le 25 mai 2008, une commémoration magnifique a eu lieu sur les lieux de l'effroyable boucherie que fut ce combat de 1918 : c'était par un  dimanche ensoleillé de printemps, à Belleau wood : un major général de l'armée de terre française au nom basque, le général commandant les Marines, bardé de décorations sans doute conquises dans les rizières du delta du Mekong, l'ambassadeur des USA arrivé dans sa limousine,  dont l'aile gauche est surmontée d'un fanion aux couleurs des États-Unis, une flopée de hauts gradés de l'armée américaine, deux parlementaires français, dont le président du groupe d'amitié sénatorial France-USA, Paul GIROD, et tant d'autres : tous étaient là, dont on fait ici une énumération à la Prévert, à faire pâlir un chef du protocole !

Oui, c'était dimanche 25 mai, au cimetière américain de Belleau et la foule, dense, qui entourait ces huiles, cachait la vue sur ce jardin terrifiant de tombes où reposent à jamais les jeunes victimes de juin 18.

Les villiérois avaient vu passer au-dessus du village, vers 10h15, ce matin-là, les avions de chasse F16 venus tout exprès de leur base de Grande-Bretagne pour un survol à basse altitude de ce terroir du sud de l'Aisne et du village de Belleau en particulier : les voilà qui, soudain, firent vibrer le sol de ce Belleau wood, champ de bataille devenu cimetière, comme il vibra, en 18, sous l'effet du feu nourri des canons.

Seuls les héros morts, là, sous leurs milliers de croix blanches, restèrent impassibles, plongés dans leur interminable sommeil, face au surgissement des F16.

Un détachement de Marines tira des salves de fusil, la trompette d'un autre soldat américain, installé sur le clocher de l'église construite au pied du bois, sonna un saisissant "Aux morts" : un frisson parcourut les spectateurs, si près des morts, sous leurs croix blanches, mais déjà si loins de l'horreur du conflit de 14-18. 

En ce 18 juin 2008, pensons à eux, soldats que nous a laissés à jamais l'Amérique, reposant dans notre terre de France, sous le gazon impeccable d'un cimetière si proche de nous, villiérois, à Belleau : à l'heure où j'écris ces lignes, dans le silence du bois, dans l'étrange silence de la nuit à Belleau wood, s'entend seulement le hululement des chouettes sous la lune, comme si, comme si....

N'oublions jamais !

Publié dans Carnets du quotidien

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