Radicalisme et ...biodiversité politique

Publié le par Michel Aêt

Dimanche 1er octobre, 12H00; jour d'élection à VSD

Les rues sont vides, le président du bureau de vote semble tuer le temps dans la salle du conseil municipal, où l'électeur fait défaut.

On y attend le chaland, l'oeil s'égare sur le tapis vert de la grande table, qui met une touche de couleur dans cette pièce vide et silencieuse.

Les assesseurs baillent au corneille, l'une adossée au mur du fond, face à la porte de la mairie grande ouverte sur la rue : le code électoral est bien appliqué à VSD en ce dimanche de cantonale partielle sans passion, dénué de cette fébrilité qui fait les élections serrées, où les militants font le pied de grue, tendus, à la recherche du regard de l'électeur sortant, détenteur de son secret...

Ici, non : monsieur CAPLIEZ buvait un verre à la terrasse du restaurant "Au petit bonheur", samedi vers 18H00 ; les dernières pognes avaient été serrées dans l'après-midi sans doute...et le candidat radical goûtait des instants tranquilles, entre amis.

Monsieur FOURRE, candidat d'en face, avait été aperçu, aux dires d'un habitant retour de courses au chef-lieu de canton, partant en trombe, blouse blanche sur le dos, aux alentours de midi, dans une Clio sombre : au moins n'aura-t-il pas délaissé ses patients l'espace d'une campagne électorale, ce qui à son honneur.

La France des cantons ruraux est ainsi,  à l'heure des scrutins, pareille à ce qu'elle était déjà sous la IIIème République, offrant de notre système républicain pourtant si essouflé une image immuable, faite de réunions publiques tenues devant des parterres de chaises vides, de tracts  glissés dans les boîtes aux lettres pour asséner les derniers coups l'avant-veille du vote, et de radicaux, oui de radicaux, "espèce politique protégée" désormais, parce qu'elle n'en finit pas, depuis les débuts de la Vème République, d'être en voie de disparition, mais qui s'honore encore à juste titre, d'être l'héritière d'une lignée exceptionnelle, faite de personnages épatants : Gambetta, Clémenceau, Briand, Jules Jeanneney, Edgar Faure et tant d'autres dont à Villiers-Saint-Denis, village du canton de Charly-sur-Marne, ce cher André Rossi qui y a sa rue.

Monsieur CAPLIEZ a habilement chaussé les bottes du radicalisme : il contribue ainsi à la préservation d'une sorte de biodiversité politique, dans ce paysage politique national si réducteur, simplificateur, limité désormais aux jeux de scène de quelques figures médiatiques UMP et PS.

A Villiers-Saint-Denis, le radicalisme vit toujours, le candidat radical existe, nous l'avons rencontré...

Le temps se serait-il arrêté dans notre beau village, en tous cas le temps politique ?

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G
Je ne crois pas que les gens ont voté contre Monsieur Dutreil mais contre Monsieur Capliez, non connu sur le canton et un peu trop présent avec trop de sourires. Le domicile de Monsieur "main de plomb" est connu; ce qu'il fait et ce qu'il vaut aussi. Pour  Mr Capliez non.
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M
Je vous lis avec un peu de retard sur l'évènement qui vous occupait le 10 octobre : votre commentaire sur le résultat de la cantonale partielle n'est pas inexact : l'ancrage local de monsieur FOURRE a joué en sa faveur, et sa main d'or de kiné aussi sans doute.<br /> Comme quoi, ne pas savoir très bien écrire un tract électoral importe peu, parfois...
J
Le monsieur "main de plomb" est aujourd'hui le nouveau conseiller général du canton!<br /> C'est un séisme... Pour en avoir parlé à ma famille (plutôt de centre droit) électrice sur le canton, c'est le départ de Dutreil que les gens ont sanctionné. <br /> Pour la petite anecdote, ma grande tante n'avait pas voté à gauche depuis Mai 1981 !!<br />  
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M
Je vois que l'article "Main d'or ou main de plomb" a retenu votre attention et que l'écriture parfois rugueuse et grincante de nos articles, qui a égratigné à parts égales les deux candidats ( lisez l'article intitulé "La légion saute sur Charly" et celui intitulé  "Cette ruralité qui ne ment pas") vous a marqué !Parlez de séisme à propos de l'élection d'un homme qui se veut "divers gauche" à propos de cette élection partielle à très faible taux de participation est sans doute un peu fort.Le canton de Charly a toujours eu une tradition électorale radicale, dont André ROSSI fut le dernier véritable représentant, messieurs DUTREIL et CAPLIEZ étant en réalité des libéraux plus que des radicaux dont ils ont néanmoins l'étiquette.
V
Monsieur Capliez prétend "habiter chez sa compagne sur le canton" mais on ne trouve son adresse nulle part. Ou peut-il bien habiter?
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M
Entre nous, cher monsieur, cette question était-elle  bien raisonnable ?<br /> Je connais un ancien président de la République, adulé sur sa terre d'élection, et qui n'y habita jamais, y logeant à l'hôtel et n'en faisant pas moins un excellent élu local, pugnace, efficace, ambitieux pour le terroir dont il fut président du conseil général : il s'appelait ...? Vous êtes suffisamment avisé pour que je n'aille pas plus loin...<br /> L'ancrage local est une bonne chose mais ne saurait se suffire en soi pour faire de l'élu un bon élu : Monsieur Fourré va avoir à le montrer; monsieur Capliez aura à attendre s'il sait persévérer comme le fit son heureux vainqueur, durant des décennies : il faut beaucoup de constance !
J
Il y a toujours beaucoup d'abstention à une partielle ...<br /> C'est vrai que le blog n'a pas vocation à parler politique ... Ceci étant , il y a une élection cantonale. Le canton est présenté comme le plus à droite de l'aisne et c'est celui d'un ministre !<br /> Il est bien évident que le fait de voir le candidat de son bord et de son cabinet ministériel (présenté comme ultrra favori) en ballotage contre un "modeste kiné du coin" a de quoi surprendre.<br /> J'en profite pour dire que j'aime bien ce blog !!
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V
Il serait bon de rajouter à ces commentaires qu’en mars 2001 l’abstention fut de 30,46% au premier tour des cantonales et qu’en 2006 pour ce même premier tour elle a été de 57,17%... Ainsi 42,3% de participation me permettent de souligner que votre blog est plus visité que les urnes Villieroises, et que si notre village (et le Canton dont il fait partie) est l’espace d’un court instant une représentation nationale, connaître les réelles aspirations politiques des uns ou des autres n’aura pas tant d’intérêt bientôt que de savoir combien l’auront élu, car de toutes façons il sera trop tard.
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M
Vous me voyez flatté de cette comparaison entre ce blog et les urnes villiéroises lors de la cantonale partielle récente !Je me réjouis que le débat sur le civisme puisse se prolonger ici au-delà d'une campagne électorale qui n'a pas brillé par la richesse et la densité des projets novateurs pour le canton.Le projet-clé, chacun le pressent, c'est le parc naturel régional du Gâtinais dont il sera intéressant d'observer si le nouveau conseiller général du canton l'aborde à bras le corps ou cherche au cotraire à  l'ignorer.