Radicalisme et ...biodiversité politique
Dimanche 1er octobre, 12H00; jour d'élection à VSD
Les rues sont vides, le président du bureau de vote semble tuer le temps dans la salle du conseil municipal, où l'électeur fait défaut.
On y attend le chaland, l'oeil s'égare sur le tapis vert de la grande table, qui met une touche de couleur dans cette pièce vide et silencieuse.
Les assesseurs baillent au corneille, l'une adossée au mur du fond, face à la porte de la mairie grande ouverte sur la rue : le code électoral est bien appliqué à VSD en ce dimanche de cantonale partielle sans passion, dénué de cette fébrilité qui fait les élections serrées, où les militants font le pied de grue, tendus, à la recherche du regard de l'électeur sortant, détenteur de son secret...
Ici, non : monsieur CAPLIEZ buvait un verre à la terrasse du restaurant "Au petit bonheur", samedi vers 18H00 ; les dernières pognes avaient été serrées dans l'après-midi sans doute...et le candidat radical goûtait des instants tranquilles, entre amis.
Monsieur FOURRE, candidat d'en face, avait été aperçu, aux dires d'un habitant retour de courses au chef-lieu de canton, partant en trombe, blouse blanche sur le dos, aux alentours de midi, dans une Clio sombre : au moins n'aura-t-il pas délaissé ses patients l'espace d'une campagne électorale, ce qui à son honneur.
La France des cantons ruraux est ainsi, à l'heure des scrutins, pareille à ce qu'elle était déjà sous la IIIème République, offrant de notre système républicain pourtant si essouflé une image immuable, faite de réunions publiques tenues devant des parterres de chaises vides, de tracts glissés dans les boîtes aux lettres pour asséner les derniers coups l'avant-veille du vote, et de radicaux, oui de radicaux, "espèce politique protégée" désormais, parce qu'elle n'en finit pas, depuis les débuts de la Vème République, d'être en voie de disparition, mais qui s'honore encore à juste titre, d'être l'héritière d'une lignée exceptionnelle, faite de personnages épatants : Gambetta, Clémenceau, Briand, Jules Jeanneney, Edgar Faure et tant d'autres dont à Villiers-Saint-Denis, village du canton de Charly-sur-Marne, ce cher André Rossi qui y a sa rue.
Monsieur CAPLIEZ a habilement chaussé les bottes du radicalisme : il contribue ainsi à la préservation d'une sorte de biodiversité politique, dans ce paysage politique national si réducteur, simplificateur, limité désormais aux jeux de scène de quelques figures médiatiques UMP et PS.
A Villiers-Saint-Denis, le radicalisme vit toujours, le candidat radical existe, nous l'avons rencontré...
Le temps se serait-il arrêté dans notre beau village, en tous cas le temps politique ?