Colette et le mystère de la vigne...

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Quel enfant de Villiers n'a pas un jour pris dans ses mains un morceau de silex, trouvé sur le chemin qui grimpe vers le sommet du coteau, entre deux parcelles de vigne, et, le portant vers le soleil, admiré la luminescence de la pierre, qui s'illumine comme de l'ambre, lorsqu'elle est traversée de rayons solaires ? Mais qui, parmi nous qui fûmes ces galopins étonnés par la  transparence de ces diamants de fortune ainsi récoltées au hasard de nos balades enfantines, faisait le lien entre l'or de la pierre et celui du vin, pétillant dans la bouteille de Champagne issu du travail du vigneron villiérois ? Colette, écrivain célèbre, a écrit là-dessus des lignes magiques; découvrons-les :

"
La vigne, le vin sont de grands mystères. Seule, dans le règne végétal, la vigne nous rend intelligible ce qu'est la véritable saveur de la terre. Quele fidélité dans la traduction ! Elle ressent, exprime par la grappe les secrets du sol.
Le silex,par elle, nous fait connaître qu'il est vivant, fusible,
nourricier. La craie ingrate pleure, en vin, des larmes d'or. Un plant de vigne, transporté par-delà les monts et les mers, lutte pour garder sa personnalité et parfois triomphe des puissantes chimies minérales.
Récolté près d'Alger, un vin blanc se souvient ponctuellement, depuis des années, du noble greffon bordelais qui le sucra juste assez, l'allégeant et le rendit gai. Et c'est Xérès lointaine qui colore, échauffe le vin liquoreux et sec qui mûrit à Château-Chalon, au faite d'un étroit plateau rocheux." 

Colette, "Prisons et paradis"

Publié dans Notes de lecture

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