Le préau de Madame HUVIER

Publié le par Michel Aêt


À Villiers-Saint-Denis, chez les HUVIER (1), le Champagne s’achète sous un ancien préau d’école…

Allez vous aussi vous livrer à l’exercice de dégustation d’un verre de Brut dans cette maison qui fut naguère, quelques années seulement, sous le Second Empire, une école privée : les poteaux métalliques sont d’époque, les tomettes hexagonales, aux tons vieux rouge,  portent les traces multiples des vicissitudes de la demeure, où l’on fit de ce préau une réserve à bois : les bûches devaient y être fendues, à même le sol, et les tomettes se brisèrent ainsi une à une, dans certaines parties de la pièce, sous les coups répétés de la hache qu’on entend encore retentir...

Madame HUVIER vous reçoit quand elle est là ; il faut pour qu’on se fasse ouvrir, non seulement sonner longuement, mais parfois téléphoner au numéro de portable affiché sur la porte, pour que, de retour des vignes ou de ses activités de maîtresse de maison, elle vous rejoigne et vous fasse passer la porte de cet ancien préau au centre duquel elle vous fait asseoir et goûter aux productions du domaine.

Il fait frais dans la pièce, il y fait sombre, la lumière d’un après-midi d’automne ensoleillé n’y pénètre que modérément, donnant à la rencontre entre l’acheteur et la propriétaire un climat étrange, très antinomique de l’atmosphère attendue d’une dégustation de Champagne : flûtes, fines bulles, fêtes, fous rires, rencontres, gaieté et bons mots…

Ici, l’atmosphère semble protestante ; on se croirait dans la cave d’un producteur de vin du Rhin ; Madame HUVIER a le sourire discret, un sens de l’accueil tout en sobriété, retenue. Elle a le charme discret de ces grandes familles rurales briardes reconverties dans la production de Champagne après des générations de cultures traditionnelles et d’élevage.

On se laisse porter par cette imperceptible ambiance, faite d’austérité et de quant à soi, qui semble avoir été générée par les murs de cette ancienne école vouée à l’étude,  laissant encore sourdre les discrets chuchotements de frêles jeunes filles scolarisées ici sous le second Empire, et que venait visiter le comte de NIEUWERKERKE, auquel elles faisaient d’élégantes révérences.


(1) Champagne Huvier-Morel : pour s'y rendre, le chemin est simple : face au château de Villiers-Saint-Denis, dans la rue L. et V.MONTFORT (Tél.03 23 82 12 87)

Publié dans Figures locales

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