Archives villiéroises : 1920, la grande rue...

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undefinedC'était les années 20  à Villiers-Saint-Denis : la photographie que nous avons découverte nous fait découvrir, là où se trouve aujourd'hui l'auberge "Le petit bonheur", la boulangerie BESNIER, patronyme largement répandu en Brie depuis des siècles (on trouve par exemple des Besnier à Evry Grégy sur Yerres en Seine-et-Marne).

Les BESNIER sont sur le pas de leur porte; Monsieur porte des sabots et un large tablier; il a la casquette et les moustaches telles qu'on les affichait à l'époque, sur les bords de Marne dans les guinguettes, mais aussi, on le voit là, dans nos villages. La boulangère n'a pas ...les fines attaches des boulangères de Marcel PAGNOL, mais des bras forts, de ceux qui savent pétrir le pain. Tous deux paraissent sombres, ténébreux, austères comme leur devanture.

Dans la cour commune, derrière, finalement si ressemblante, mutatis mutandis, à ce qu'elle est encore en 2008, une famille est sortie de sa maison, pour poser devant l'objectif, témoignage que la venue d'un photographe n'était pas monnaie courante à Villiers à l'époque : on distingue 7 personnes, d'évidence endimanchées, de même que ce groupe de cyclistes prenant la pose pour l'occasion : chapeau, casquettes, cravates impeccables témoignent du soin porté à laisser de soi la meilleure image. Un groupe d'enfants, entre deux vélos, se laisse entrevoir, ils sont trois, dont un en costume blanc, magnifique.

La route est en terre, même si des bordures de trottoir en pierre permettent aux piétons, les jours de pluie, d'échapper à trop de boue.
Au fond, sur la voie, on devine une cariole, tirée par un cheval blanc : "tous derrière, tous derriè-è-re..." se sent-on fredonner en l'observant.

Un mur de pierres sèches, à gauche sur la photo, en passe de s'effondrer, occupe l'emplacement de l'actuel parking qui fait désormais face au restaurant, tandis qu'au fond, le cliché laisse découvrir les frondaisons du parc du château, qui semblent avoir plus d'ampleur qu'elles n'en ont aujourd'hui.

On apercoit de rares fils de téléphone, mais pas d'éclairage public, laissant imaginer l'obscurité enveloppante gagnant le village à la nuit tombée...en 1920.

La Grande Guerre est achevée depuis deux ans, les hommes, les survivants, sont de retour, gardant chevillés en eux le souvenir des morts qu'ils ont vu agoniser, à Verdun, au Chemin des Dames ou ailleurs.

La vie a repris ses droits, les familles sont reconstituées, malgré la saignée de 14-18, mais quelques trous béants s'observent à la table dominicale. Car, d'évidence, nous sommes un dimanche d'été : les costumes en attestent, comme les feuillages et les bicyclettes, qui mènent leurs propriétaires jusqu'au lieu du banquet familial.

La photo est elle aussi signée BESNIER : on lit en effet la mention "Ed.Besnier" au bas de celle-ci.

Le boulanger du village a disparu à Villiers depuis déjà de trop longues années; on prend, en ce mois de janvier 2008, sa voiture pour aller chercher son pain à Charly-sur-Marne.

Autre temps, autres moeurs...






Publié dans Histoire villiéroise

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